29 oct. 2009

"Shalom Chaver"


Israel commémore aujourd'hui 14 ans (en dates hébraïques - c'était le 4 novembre 1995) depuis l'assassinat d'Yitzhak Rabin alors qu'il venait de s'adresser à la foule lors d'une manifestation publique en soutient aux accords de paix d'Oslo. Malgré la mort du processus de négociations, le dégout du public après les années meutrières de l'intifada et le rejet par toute une partie de la population de l'idée même d'Oslo, la commémoration reste un moment de receuillement très observé et rappellé en Israel... jusque dans les salles de chimie de l'université.

Si chacun a son idée sur l'héritage laissé par Rabin, ce meutre fut celui d'un premier ministre élu, dans la seule démocratie libre de notre région, et le traumatisme national est palpable. Alors, même si Ehud Barak utilise les cérémonies comme évenement electoral, la date d'aujourd'hui ne passe inaperçue pour personne. Galei Tsahal repasse des chansons devenues populaires depuis 1995 dans lesquelles revient souvent la salutation de Bill Clinton reprise par le roi Hussein devant la tombe de Rabin: "shalom chaver - adieu, ami".

Lors du rassemblement sur la Place des Rois d'Israel, rebatisée depuis Place Rabin: "Vous, présents aujourd'hui, ainsi que tous ceux qui ne sont pas arrivés, prouvez qu'Israel est prête et veut la paix". Rabin entonne "Shir l'Shalom", littéralement, "un chant pour la paix" dont les paroles entachées de son sang seront retrouvées dans la poche de son veston, transpercées par la balle.

22 oct. 2009

"Les cours de bio c'est à Givat Ram ou Ein Kerem?"


J'ai survécu à ma première semaine de cours!

Malgré les fourberies du système de navette intercampus, la frayeur de ce premier cours de statistiques où je n'ai rien compris (du tout) et les tribulations entre les différentes branches de la librairie scolaire pour y dénicher des bouquins en anglais, j'ai réussi à rendre mon premier devoir de maths qui ressemble plus à une vague dissertation ésotérique mèlant chiffres, caractères grecs, hébraiques et graphiques biscornus.

A moi maintenant de composer avec mes profs pour palier à mes quelques carences linguistiques - car il s'avère que "courbes des fréquences cumulées" ou "mytochondrie" ne faisaient pas vraiment partie de mon vocabulaire quotidien. La tâche risque de s'avèrer plus ardue en bio, ou le prof semble complètement paranoiaque, persuadé que l'anglais mène en sous-main une croisade contre l'hébreu comme langue scientifique et que cette machination menace l'indépendance linguistique de notre bel état, véritable accomplissement de la volonté divine sur ces terres. Du coup, pas d'anglicisme, les élèments chimiques se déclinent en hébreu, et se comptent à grand renfort de préfixes numéraires en araméen!

Enfin, 38 heures de cours plus tard voilà déjà mon premier weekend qui commence, de vendredi à samedi soir. Le temps de passer emprunter quelques lectures à la bibliothèque de médecine. Elle sent cette odeur de vieux grimoire devenue familière à McGill, et mon regard se perd un peu dans ses rayonnages, tant de livres, il n'y plus qu'à les ouvrir!

19 oct. 2009

"Appartement 22, au 7 rue Guatemala"


A Jérusalem les rues de chaque quartier ont en commun un thème et celles de Kiriat Yovel suivent les pays et villes d'Amérique du Sud. J'ai donc emmenagé dans les "méonot" au 7 rue Guatemala, dans les résidences réservées aux étudiants du campus d'Ein Kerem qui abrite la fac de médecine.

En faisant abstraction de l'idée saugrenue de l'architecte de peindre une partie des murs et du mobilier en vert militaire, l'endroit reste plutôt acceuillant, divisé en appartements de 6 personnes globalement répartis par ethnicité. Les étudiants arabes sont regroupés malgré leurs différences religieuses et nationales - certains sont arabes israéliens, d'autres Palestiniens, chrétiens ou musulmans -, ce qui ne facilite pas vraiment leurs relations au sein des appartements, mais évite au moins les (très) évidents problèmes inhérent à une mixité imposée avec les étudiants juifs.


Avec la rentrée dès demain, les couloirs un peu vides du premier jour se sont remplis d'une foule bigarrée, on papote d'une porte à l'autre, les lieux reprennent vie... Et d'un coup quel bruit! Les jours paisibles dans notre appart d'étudiants branchés de Montréal sont bien loin! A 6 filles dans un 4 pièces, les divisions du frigidaire suivent un schéma dûement coordonné, les stratégies de maximisation du temps devant un miroir prennent des allures de machiavéliques complots. Mais avec des collocataires sympatiques tout devient vite très supportable. La mère de Tslil, ma colloc de chambre, une fois rassurée sur mes moitiés d'origines sépharades m'a envoyé des plats marocains et yéménites, et le joyeux brouhaha de ces premiers jours semble bien décidé à se poursuivre...

11 oct. 2009

"Bon, demain, au boulot!"


Après une coupure à Paris, retour à Jérusalem. Le temps y est magnifique, le soleil radieux, la grisaille parisienne semble bien loin, reclue maintenant dans les pages un peu cornées d'un bouquin en Français de la période classique qu'on lirait sous le jasmin du jardin... On nous prédit le début de la troisième intifada, mais personne n'y prête plus attention. Comme aux pubs des mesures de sécurité contre la grippe A d'ailleurs. Malgré les forts déploiements militaires dans les quartiers arabes de l'est, l'atmosphère de ce mois d'octobre est plutôt insouciante. On défait la soukka installée dans presque chaque jardin, on profite de la douceur un peu inhabituelle de l'automne.

Une soukka à l'entrée d'un immeuble, et d'autres dans la rue Yoel Salomon

Les fêtes se terminent aujourd'hui, avec une dernière journée fèriée. Les israéliens plaisantent avec un demi-sourire que les parents refusent de voir partir leurs enfants et les convainquent de rester encore un peu avant de s'en retourner à la vie moderne. Même si les religieux se promènent encore une journée en talith, les administrations et les magasins ont ouvert ce matin. Demain les écoliers reprendront le chemin des cours, avant que nous les rejoignions à la fac dès dimanche prochain. Enfin, l'année commence! Il était temps...